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Mon enfance fut douce, très agréable. Je suis l’unique enfant d’un couple peu orthodoxe. Ma mère est une artiste, elle adore peindre, sculpter, écrire des poèmes ou des nouvelles. Son talent limité, ou peut-être son incapacité à se fixer sur un seul art lui interdisait d’en vivre. Elle travaille donc dans les assurances. Pas le genre d’assureur qu’on appelle pour un souci de plomberie. Ma mère est spécialisée dans l’assurance des biens couteux. Son travail la forçait à s’absenter, j’en souffrais peu car elle trouvait toujours le temps pour que l’on se parle au moins deux fois par jour. Lorsqu’une mission lui semblait tranquille, elle me permettait de venir avec elle. Pour moi, c’était mieux qu’un matin de Noël peut importe si cela signifiait rester bloquée dans un hôtel pendant trois jours. Une fois sa mission terminée, on faisait les folles en ville. En plus ses clients satisfaits me couvraient toujours de cadeaux. Une fois, à Dubaï on me fit don d’un magnifique poulain car ma mère venait de restituer un tableau d’une valeur de quinze millions. Je n’ai pas eut le droit de le garder, j’aurai pourtant adoré avoir mon propre cheval. Cela dit, je n’ai pas fait de caprice, nous avions beau vivre dans un luxueux triplex je ne me voyais pas changer l’une de nos chambres d’amis en box. Il y a peu d’appartement avec jardin dans cette merveilleuse ville.
Mon père travaillait comme avocat dans le cabinet familial. Il était très occupé et je le voyais uniquement le soir. Je l’attendais toujours pour dîner, nous discutions de tout. Je lui confiais tous mes petits secrets. Toujours présent pour moi, je n’ai jamais eut le sentiment qu’il me délaissait pour son travail. Papa ne manquait jamais mes compétitions d’échec, mes compétitions sportives ou mes représentations théâtrales. Nous étions heureux tous les trois. Un été j’ai participé à un concours de beauté de beauté et ils ont pris une semaine de vacances rien que pour m’aider à gagner. J’ai terminé seconde, la pire des places je sais. Les avoir tout à moi pour une semaine entière valait bien plus que tous les diadèmes du monde. J’aimais les voir ensembles, ils tenaient très fort l’un à l’autre et j’espérais avoir la même relation avec mon mari. Confiance, respect et admiration, c’était la base de leur relation. Ils s’aimaient beaucoup, mais je sentais bien qu’ils n’étaient pas liés par amour. Je sentais bien la différence entre l’affection que chacun me portait et celle qu’ils se portaient mutuellement.
J’étais une élève studieuse. Pas par choix je l’avoue, mes parents étaient très strict concernant les études. Ils tenaient absolument à ce que je sois la meilleure dans tout ce que j’entreprenais. Ma défaite lors de ce concours de beauté me coûta les privilèges durement gagnés au cours de l’année scolaire. Je terminais mes trois semaines de vacances privées de télévisions et d’ordinateur. Et encore, je m’estimais heureuse de conserver ma chaine hifi et mon mobile. C’est grâce à leur haut niveau d’exigence que j’ai aujourd’hui de nombreuses aptitudes. Ils seraient certainement choqués, furieux de voir à quoi je les emploie aujourd’hui. Un d’avance et pourtant major de promotion lors de ma dernière au lycée. Qui aurait cru que je viendrais étudier à Berkeley alors les Presley sont tous issus du moule « Harvard » Pas tous, je n’aurai jamais voulu aller dans une fac où je ne pourrais côtoyer mon cher Peter.
Nous ne formons pas une famille ordinaire, bien que notre vie le soit. Les Prestley, une famille de sorcier dont le but est de préserver les innocents, faire triompher le bien sur le mal. Afin de nous concentrer exclusivement sur notre préparation, éléments essentiels à notre survie, la famille nous assigne notre partenaire dès notre enfance. Cette manœuvre nous permet par la même occasion de conserver la pureté de notre sang. Vous pouvez penser que c’est triste de ne pas pouvoir tomber amoureux, choisir l’homme idéal. Je pense que ce n’est pas plus mal en vérité. On ne perd pas notre temps, à chercher, on ne gaspille pas notre énergie à séduire. En prime on s’épargne des peines de cœurs. Car, nous ne sommes pas juste désignés pour devenir le reproducteur d’un autre. C’est Nan, mon arrière grand-mère, la matriarche de la famille qui crée les couples. Elle utilise son don de divination pour savoir avec quel autre sorcier de la famille nous serions le plus efficace. C’est comme ça que je me suis retrouvée fiancée à Peter. L’électron libre de la famille. Deux fichus caractères ensembles. Entre nous c’est intense, je l’adore, c’est mon meilleur ami. La seule idée de l’épouser de me donne la nausée et je sais qu’il ressent la même chose pour moi. Notre cérémonie de fiançailles était vraiment belle émouvante. A partir de ce jour, je passais tous mes après midi avec lui. Comme il est plus âgé, on lui a confié le soin de compléter ma formation de sorcière. Avec son aide je peaufinais mes formules et potions, j’appris à me battre aussi, en particulier à manipuler une matraque télescopique capable de générer de petites décharges électriques. Je ne possédais pas encore de pouvoir et nous venions de perdre deux sorciers. Jessica et Reese laissaient une fillette de sept ans que les parents de Peter prirent en charge. Là encore un sujet d’inquiétude en moins, grâce à notre façon de faire on s’assurait qu’il y ait toujours un autre Presley pour prendre soin de nos enfants s’il nous arrivait malheur. Personnellement, Peter et moi devrons assumer les descendants à venir de Lloyd et Honorine. Eux-mêmes se sont engagés à prendre soin des nôtres si besoin.

Je découvris mes pouvoirs à la fin du lycée, lors de mon bal de promo. J’étais accompagnée par un joueur de l’équipe de basket du lycée. Je l’aimais vraiment. Il était si drôle, si gentil et d’une beauté à couper le souffle. J’aurai pu aller à Yale, Princeton ou Harvard. Je rêvais de Columbia. Mais, il n’avait pas le niveau pour que ces facs prestigieuses le recrutent en dépit de son talent pour le basket. Plusieurs équipes universitaires lui firent les yeux doux et il opta pour San Francisco. Pour lui, j’ai décidé de renoncer à mon rêve et c’est là-bas que je me suis inscrite. Le bal de promo, aurait dû être le grand soir. Je sais que c’est un gros cliché, mais j’aime les classiques. La fille modèle qui perd sa virginité dans une chambre d’hôtel avec son copain le soir du bal de promo. Pas suffisamment populaire pour devenir reine du bal, je fus tout de même un peu déçue. Peu importe au fond, j’avais bu. Mon basketteur avait essayé de me faire boire plusieurs punch pour me détendre. Il aurait dû tenter des shot de vodka et quelques tequilas. Je tiens très bien l’alcool car, j’ai un bon métabolisme et surtout Peter qui m’enseigna comment boire sans être complètement ronde. Pas si compliqué, après un ou deux verre, je renverse le reste au fur et à mesure, en toute discrétion. Tricheuse, je sais. Ne tournons pas plus longtemps au tour du pot, et abordons l’un des épisodes les plus heureux et humiliant de toute ma vie. Nous étions dans la chambre à nous embrasser, il m’effeuillait avec délicatesse. Je sentais à son toucher combien il tenait à moi et cela m’excitait d’autant plus. Je frissonnais, ma peau devint brusquement rugueuse, rocailleuse. Mon pouvoir se déclarait, la géromorphisme comme mon père. Mon petit ami eut alors un sourire étrange. Il s’arma d’une dague alors que ma peau redevenait normale. Son coup fut brutal, mais la peur activa alors mon don. Cette fois, mon corps devint totalement rocheux, le lit céda sous mon poids et sa dague se brisa à mon contact. Je me relevais d’un bond, le repoussant de toutes mes forces. Mes bras étaient si durs, que le coup fit craquer ses cervicales paniquée, je détruisis mon portable en essayant de composer le numéro de mes parents. Je n’arrivais pas à reprendre mon apparence. Même si c’était risqué, je sorti de la chambre dans cet état. Je dévalais les escaliers détalais dans le couloir. Impossible d’ouvrir la porte car je venais de casser la poignée, il me fallut passer au travers. Je me dirigeais directement chez moi je courrais, étrangement, je ne ressentais aucune fatigue. Ce n’est qu’une fois en sécurité, dans les bras de ma mère que je redevenais moi. Je lui racontais tout et elle s’occupa de régler ce problème. La fatigue me tomba dessus brusquement, je n’eus même pas le temps de monter jusque ma chambre et me réveillais au petit matin courbatue entre le sofa et la table basse du salon. Peter était là, endormi dans un fauteuil, il avait dû me veiller une partie de la nuit. Je suppose que c’est lui aussi qui m’a glissé dans l’une de mes chemises de nuits. Je le réveillais doucement. Sa réaction fut surprenante car son champ de force s’activa, sans me repousser, il m’englobait, tandis qu’il jetait des regards aux alentours, cherchant la menace. Cela me fit rire.

Je m’entends bien avec Peter, c’est un excellent pédagogue et un ami précieux. Nous avons longtemps joués les fiancés exemplaires c’était plus simple que d’affronter Nan. Un peu lâche peut-être, car nous savions tous les deux que nous n’étions pas faits pour nous aimer autrement. Pourtant, c’est le premier garçon que j’ai embrassé, l’expérience a été horrible. Nous nous lançons toujours des défis. Lorsque nous avons commencé à le faire, ils étaient plus ou moins idiots. Aujourd’hui, ils sont stimulants, je ne serais probablement pas devenue une experte en contrefaçon s’il n’avait pas fait partit de ma vie. Peter a toujours tout fait pour se démarquer du reste de la famille. Traditionnellement, le fils reprend le travail du père à la firme familiale, devenant avocat, assistant, comptable selon ce que son ascendant était. La fille reprend le travail de sa mère dans le cabinet d’assurance. Il n’a pas voulut poursuivre la tradition et ce fut un exemple pour moi. Je détestais que l’on me dise quoi faire et en cela, je pense que je ne remercierais jamais assez Nan pour m’avoir guidé vers lui. Si j’avais eut pour guide un autre Prestley, je serais malheureuse. Je n’aurai pas cédé à la pression et une rupture douloureuse entre mes parents et moi-même me semblerait inévitable. Peter a fait de moi une experte en mensonge, une manipulatrice hors pair et une charmeuse sans états d’âme. Je suis une pickpocket, une joueuse de poker, je jongle avec différentes identités, différentes personnalités selon les besoins de Peter. J’adore monter des arnaques avec lui ! C’est tellement excitant et ça rapporte gros en plus. Ma mère est persuadée que je souhaite suivre ses traces. Elle s’imagine que j’étudie l’archéologie pour devenir une experte en art ancien. Ce n’est pas faux, j’aimerai probablement travailler dans un musée, mais je pense plutôt à dérober des œuvres pour les revendre qu’à les admirer. J’adore peindre, sculpter, écrire… car je suis vraiment douée pour cela. Il faudrait une étude poussée, si l’on souhaite différencier ma Joconde de celle affichée au Louvre.

J’ai bien faillit quitter la fac. Je tiens vraiment à avoir mon diplôme, donc personne n’a eut besoin de me convaincre de continuer. Ma première année c’est très mal passée, je me suis trouvée à deux doigts de manquer mes partiels. Au début de mon second semestre j’ai fait la rencontre deux jeunes femmes, des sorcières comme moi. J’étais ravie, enfin des sorcières qui ne sont pas de mon sang. J’espérais devenir amie avec elles, pouvoir me confier sans détours. Mes amies ignoraient tout de la magie et je n’aimais pas devoir m’absenter en leur racontant des mensonges. Impossible de leur dire « Désolée, les copines. Je devais vaincre un démon ! » Ces sorcières m’invitèrent à une soirée, à peine la porte se refermait-elle que j’entendis un bruit de verres cassés. Un nuage de fumée plus tard, je m’endormis comme une masse. Je me réveillais attachée à une chaise dans leur sous-sol. Je n’arrivais pas à me transformer. Je ne maîtrise pas encore mon pouvoir de géromorphisme à la perfection. Si aujourd’hui je peux me changer en pierre des pieds à la tête, cela n’agit encore que sur ma peau et non sur le reste. A cette époque, je ne parvenais pas à changer la totalité de mon corps. À ce moment là et mon don d’attraction en était à ses balbutiements. J’ignorais comment l’activer. Ces deux garces m’ont fait subir plusieurs jours de tortures. Elles essayaient de voir combien de temps je parviendrais à tenir avant de mourir. Pendant ces trois jours, je ne mangeais ni ne buvais rien. Elles comprirent rapidement, que les attaques physiques n’auraient pas de réels impacts sur moi. Elles conçurent des potions pour tenter de désactiver ce don, mais leurs sortilèges étaient vraiment éprouvants. Je me souviens avoir vomi des serpents, sentis des milliers d’échardes transpercer mes organes internes. Le feu de l’enfer consuma ma langue, mon estomac déversa des litres de suc acide dans mon tube digestifs. Je ne sais pas pourquoi, elles cessaient leurs attaques avant de me tuer, car chaque formule prononcée aurait parfaitement atteint ce but. J’étais terrifiée, j’avais faim, je souffrais au point de vouloir mourir. Les lèvres cousues par un sortilège, je ne pouvais pas prononcer de formule. La plus maligne s’absenta pour je ne sais quelle raison, pour tout avouer, je m’en fiche complètement. Je plongeais mon regard plein de haine sur ma tortionnaire et concentrait ce qui me restait de force pour déployer mon pouvoir. J’espérais de tout mon cœur la voir s’écraser contre le plafond. Je la fis léviter un peu et cette idiote s’extasia sur son nouveau pouvoir. Je profitais qu’elle fit un saut bras tendu, lui donnant plus d’élan et elle se cogna la tête contre le plafond. Assommée, elle tomba inconsciente au sol et le sort me rendant muette cessa d’opérer. Je prononçais une formule pour me libérer et me levais. Les membres ankylosés, il me fut difficile d’avancer jusqu’à elle mais, je le fis. Je la fouillais, m’emparais de sa clef et je me dépêchais comme je pouvais de sortir de cette cave.

J’aimerai pouvoir dire que la première chose que je fis en sortant de cette enfer fut de me précipiter hors de cette maison, rentrer chez moi, me mettre à l’abris. Mais, non. La porte donnait sur la cuisine, j’avais une faim de loup, une soif de tout les diables, alors mon premier geste fut d’ouvrir le frigo. Je pris la bouteille de jus de fruit et la vidais d’un seul trait. Je récupérais ensuite les restes d’un gâteau d’anniversaire que je dévorais littéralement. J’ai un peu honte de l’avouer mais je me donnais l’impression de l’un de ses chiens affamés le museau dans une poubelle. Je n’avais pas l’air à mon avantage la figure barbouillée de chocolat, les vêtements tâché de jus de fruit. La porte de la cave se rouvrit alors que je crois dans une cuisse de poulet. Mes pieds quittèrent le sol et je fus projetée à travers la pièce. Pas très maligne, je sais, mais après ces quatre jours sans boire ni manger… je craignais de mourir sous peu. La sorcière s’approcha dangereusement de moi et je ne trouvais rien de plus brillant que de la faire à nouveau voler la cognant encore contre le plafond. J’enjambais son corps afin de sortir et mon œil fut attiré par les clefs de voiture accrochées près de la porte. Je lui volais donc sa voiture filait droit vers mon dortoir. Je pris une douche, changeais de vêtement et jetais quelques-uns de mes vêtements dans un sac à dos. Je pris ensuite mon sac en bandoulière où je glissais mes objets les plus précieux, mon sac à main avec mes papiers d’identités. L’après midi même, je louais une voiture et filais droit sur Las Vegas. En toute logique, j’aurai mieux fait de conduire jusque l’hôpital le plus proche car j’étais parfaitement consciente de ne pas me porter comme un charme. Les quelques écorchures sur mon corps et le vilain bleu sur ma joue n’étaient pas grand-chose comparée aux dégâts sur mes organes. Ma respiration était difficile, un goût de bile se répandait régulièrement sur ma langue. Je n’étais pas médecin, alors je repoussais l’évidence. Heureusement, j’avais choisit une voiture équipé d’un téléphone et je prévins Peter de ce qu’il venait de se passer, l’état où je me trouvais.

Mon cher cousin jouait le fils renié d’un oligarque russe. Il se pavanait au cœur de la jet-set de la cité de la luxure. Son rôle de flambeur à l’accent distingué faisait tourner les têtes d’une célèbre actrice et de ses amies. A moins de trois heures de Vegas, mon cher cousin et sa fiancée du moment m’attendaient. J’eus un peu de mal à retenir le faux nom qu’il m’avait attribué dans l’urgence aussi, je passais plusieurs jours à jouer les grandes malades. La semaine suivante, parfaitement remise, je le secondais dans son arnaque. Je craignais de retourner à l’université, tomber sur mes tortionnaires me donnait la chair de poule, aussi je passais les deux mois qui suivirent auprès de lui. La malheureuse actrice se réveilla un matin seule dans son grand appartement. Nous étions partis avec le Monet qu’elle utilisait pour embellir son salon. Sans oublier bien sûr ce superbe bracelet de diamant et or blanc qu’elle m’avait offert. Nous serions bien restés plus longtemps si le FBI n’était pas sur les traces de Peter. De là nous volèrent jusque Seattle, la vente du tableau nous permis de vivre quelques jours dans l’opulence, mais je dû faire face à l’évidence. L’université me manquait. Je n’aimais pas être oisive, ni passez mes soirées à distraire les adversaires de Peter au poker. Je refusais de jouer les belles idiotes en bikini autours d’un bain à remous. Je pris mon courage à deux mains et retournais à l’université. Après une si longue absence, je mis les bouchées doubles et obtins de justesse la moyenne à mes partiels. Exception faites des langues anciennes et de l’histoire de l’art, matières que j’utilisais quotidiennement en jouant les receleuses au cours des deux derniers mois.